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Contrepoids

Un sujet qui fait le poids

Je dois le confesser : le sujet de ce livre ne m’attirait pas d’emblée. Mais grâce à l’écriture de l’auteure, j’ai vraiment embarqué avec beaucoup d’intérêt. Intérêt pour le propos : l’obésité. Intérêt pour les personnages : opposés, mais unis par un désir commun. Et, enfin, intérêt pour l’auteure : sa façon touchante de faire vivre ses personnages.

Pour se mettre en contexte, voici un bref résumé de ce livre de près de 400 pages. Tony Miller, cherchant à mousser la publicité d’une compagnie aérienne qui bat de l’aile, organise des voyages d’amaigrissement pour obèse en Afrique. Une fois rendus sur place, les participants préalablement sélectionnés s’affaireront bénévolement à la construction de maisons pour gens démunis de l’endroit. Un voyage de six semaines où les participants iront à la rencontre certes de l’inconnu, mais aussi de leur propre quête intérieure, une quête de connaissance et de respect des différences, et ce, bien au-delà de l’objectif premier du voyage : l’appât de la minceur. Au terme de ce voyage, nos huit participants auront-ils perdu le poids escompté ? Auront-ils trouvé un sens à leur vie ? Quel sera leur plus grand gain ? Pour le savoir, il faut, tout comme eux, embarquer dans l’aventure de Contrepoids.

À la lecture de mon résumé, on pourrait penser que ce livre s’adresse davantage à un lectorat féminin. « Les rares kilos occasionnels dont elle s’était départie étaient revenus avec vengeance et intérêts composés ». Voilà le style d’écriture de l’auteure, un style qu’on se plaît facilement à lire et pour lequel on sent une certaine autodérision qui ne peut que nous faire sourire. Bien que je n’aime pas étiqueter des livres de ce genre, il peut s’avérer en effet que ce genre d’histoire touche plutôt la gent féminine, peut-être dû aux choix des mots de l’auteure, sa façon d’écrire où transparaît beaucoup d’humanité et de sensibilité. Rien de péjoratif dans ce commentaire, car l’essentiel du propos de Contrepoids touche un sujet qui touche les deux sexes, soit l’obésité. Donc, l’obésité touche autant les hommes que les femmes, ce qui fait en sorte que le livre d’Hélène Koscielniak ne fait pas de distinction, mais met en perspective le sujet de l’obésité vécue par des femmes, mais aussi des hommes. Contrepoids détient également un soupçon de suspense, dans la mesure où l’histoire de chacun des personnages y est consacrée dans un chapitre respectif. Encore une fois, sans faire de mauvaise comparaison, la façon dont le livre est écrit m’a fait penser à la fameuse série américaine Lost (Perdu) où tous les personnages sont réunis à un même endroit, vivent la même aventure ou souffrance et finissent par se découvrir à travers ce point commun qui les a d’abord ralliés. Des personnages dont on doute à certains moments de leur honnêteté, de leurs véritables motivations et où des rebondissements parfois cruels surviennent. Bref, en matière d’efficacité littéraire, Contrepoids fait définitivement le poids.

Auteure de Marraine et Carnet de bord, Hélène Koscielniak a remporté grâce à ces deux ouvrages, le prix Littérature éclairée du Nord en 2009 et 2010. Après avoir occupé diverses fonctions dans le milieu scolaire, Hélène Koscielniak est aujourd’hui retraitée et vit à Kapuskasing en Ontario où elle poursuit son rêve, soit celui d’écrire. Contrepoids, publié aux Éditions L’Interligne, est son plus récent ouvrage.