11/18/2007 2:09:29 AM
On finit par s’habituer aux tiédeurs politiques, jusqu’à un certain âge. Puis on commence à comprendre pourquoi les tiédeurs. Pourquoi des lois qui sont presque sévères, qui se multiplient à outrance, qui se compliquent et qui souvent deviennent incompréhensibles et inapplicables. Ce serait plus simple si les lois étaient simples, directes et visaient directement le but recherché.
On vit depuis maintenant plus de 25 ans avec des lois sur le tabac qui ne cessent d`être modifiées, au gré des demandes des groupes contre le tabac ou du lobby des compagnies. Ce serait vraiment si simple de rendre le tabac illégal. Une loi, une seule avec un article de base et les pénalités qui incombent à ceux qui passent outre. C’est encore loin d’être fait. Il y a trop d’argent en jeu sous forme de taxes diverses, entre autres.
Dans le domaine de la sécurité routière, la ministre Julie Boulet vient de déposer un projet de loi pour serrer la vis aux automobilistes et routier de toutes espèces. En conférence de presse, avant de déposer sa loi à l’Assemblée nationale, elle expliquait que son projet était issu des recommandations du Comité de travail créé sur la question, comité qui avait planché de longs mois sur le sujet, avait compulsé études sur études et recherches sur recherches avant de pondre un rapport incluant plus de 20 recommandations.
Le projet de la ministre Boulet en est issu, mais il en tire des conclusions très timides. Et son projet, elle l’avoue elle-même, devra probablement être revu à la hausse dans deux ou trois ans. Le rapport du comité recommandait plus de 20 mesures, la ministre en agrée seulement six.
La première mesure fait beaucoup penser à ces fameuses lois sur le tabac. Le taux admis d’alcool au volant sera de .05 au lieu de .08. Au départ, la mesure .08 donnait lieu à des contestations de toutes sortes et à tous les niveaux judiciaires, en plus de condamner le prévenu avant sa comparution. La nouvelle mesure sera encore plus complexe. Elle prévoit suspension pour quelques jours du permis, perte de points et énormes contretemps à ceux que les quelques policiers disponibles intercepteront au temps des fêtes.
En plus des tracasseries judiciaires à outrance, et on sait ce qu’elles sont, les contrevenants seront condamnés directement sur place par les policiers, sans recours. Il faudra modifier toute la documentation et on devra y investir des sommes colossales encore une fois. Et comme le dit la ministre, pour probablement recommencer dans deux, voire trois ans, et établir une nouvelle norme. Pourquoi donc ne pas aller directement au but recherché ? Si on veut éliminer l’alcool au volant, il s’agit de dire au départ que c’est tolérance zéro. Point final !
Vous êtes pris, on vous retire vos clefs jusqu’au lendemain, on vous retire quelques points et votre permis de conduite vous coûte plus cher l’an prochain. Si vous êtes ivre au volant, on vous conduit en détention pour dégrisage et on suspend vos points jusqu’au prochain permis. Rouler sur les routes n’est pas un droit, c’est un privilège qu’on nous accorde. Avec récidive, on oublie le permis, on saisit l’auto. Hors de la route.
Dans le cas de la vitesse au volant et de la conduite dangereuse, la ministre nous dit qu’elle va doubler les amendes. Est-ce suffisant ? Mais non. Ceux qui roulent en malades, faisant fi de la sécurité des autres en même temps que de la leur ne méritent pas de se retrouver sur les voies publiques. Vitesse excessive de quelques kilomètres, d’accord. Les 140, 160 km et plus ne méritent aucune pitié. S’il leur arrive un accident, ce ne sera plus vraiment un accident. Ils l’auront recherché. On devrait donc leur retirer le privilège de conduire, en plus de saisir leur véhicule et de les pénaliser très sévèrement. Ne sont-ils pas des criminels en puissance ?
La ministre propose le retour des cours de conduite pour sensibiliser les gens à la sécurité. Un cours de conduite pour s’initier au Code de la route, c’est d’accord. Mais il est démontré depuis longtemps que ces cours n’ont rien à voir avec la folie au volant. On avait d’ailleurs retiré les cours de conduite pour cette raison, supposément.
On ne peut pas être contre la vertu affichée par notre ministre. On peut juste être contre la façon de faire. Contre la réserve dans les mesures proposées. Contre de nouvelles lois qui ne cessent de se multiplier sans finalement être totalement efficaces parce que l’appareil n’est plus en mesure de les digérer.
Reste encore la grande, très grande question. Qui fera appliquer toutes ces nouvelles mesures ? Nos policiers sont déjà débordés et ne suffisent pas à contrôler tout. Ils oeuvrent à tous les niveaux de sécurité, mais la prolifération des tâches à remplir fait qu’il ne faut plus vraiment croire qu’ils pourront se permettre d’appliquer méthodiquement ce nouveau code qu’ils devront d’abord apprendre. Nos policiers devront bientôt avoir une formation d’avocat pour travailler correctement.
Et comme les petites mesures permettront aux conducteurs dangereux de reprendre la route, leur travail sera encore dangereux et notre sécurité à peine améliorée.
|