Meurtres à Ste-Croix et St-Isidore
SAINT-ISIDORE – Après le drame survenu le samedi 1er février en soirée à Sainte-Croix et à Saint-Isidore, la communauté se serre maintenant les coudes afin de savoir comment expliquer aux enfants pourquoi ils ont perdu une camarade.
© Hubert Lapointe
Une jeune fille de 13 ans, Medora Godin, a été retrouvée morte dans cette résidence de Saint-Isidore.
Rappelons que vers 20 h 45 samedi, les corps de Nancy Samson, 44 ans, et Benoît Daigle, 39 ans, ont été retrouvés à la résidence située au 38 de la rue Côte Des Bouleaux à Sainte-Croix dans Lotbinière. Vers minuit et demi, au 103 du Rang de la Grande-Ligne à Saint-Isidore (à une soixantaine de kilomètres de là), l'horreur prend toute son ampleur alors que les policiers découvrent le cadavre de Medora Godin, 13 ans, ainsi que les corps inanimés de Béatrice Godin, 11 ans, et de leur père Martin Godin, 54 ans. Au moment d'écrire ces lignes, l'homme et la jeune fille étaient toujours dans un état critique.
Comprendre l'incompréhensible
Il faut savoir que Mme Samson était l'ex-conjointe de M. Godin, suspect numéro un dans ce drame. Divorce difficile? Règlement de compte? À la suite d'une telle tragédie, tous tentent tant bien que mal de comprendre ce qui peut pousser un homme à commettre l'irréparable. « On ne se doute pas que ça pourrait arriver ici. Ça pogne au cœur. Ça fait mal. On a parlé de ça toute la journée dimanche avec mes enfants. C'est tragique », a commenté une résidente du secteur qui souhaite conserver son anonymat. Par ailleurs, selon ce qui se disait dans son cercle d'amis Facebook, il semble que les membres de la famille concernée étaient des gens bien et à leur affaire.
« On n'est jamais prêts à apprendre une nouvelle comme ça. C'est terrible. Moi aussi j'ai été touché par un divorce et jamais je ne penserais faire quelque chose comme ça. Ce n'est pas la première fois que ça arrive au Québec. C'est des histoires de grands, il faut laisser les enfants en dehors de ça », a commenté M. Blanchette, autre résident de Saint-Isidore, dont le premier geste à l'annonce du drame a été d'aller regarder son garçon dormir.
Soutien psychologique
Dans un premier temps, les commissaires et le personnel de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin (CSBE) ont tenu à offrir leurs plus sincères condoléances à la famille et aux proches des victimes. Étant donné que deux élèves sont impliqués dans cet événement, une équipe de professionnels (psychologues, psychoéducateurs) a été déployée dans les écoles concernées afin de porter assistance aux jeunes et aux membres du personnel affectés par ce drame.
« Il faut laisser les enfants en dehors de ça! » Un résident
« Chaque école possède au moins trois ressources. Ces professionnels vont agir selon leurs besoins dans un premier temps et nous agirons comme filet de sécurité », a expliqué Jérôme L'Heureux, directeur des services éducatifs à la CSBE. À son avis, le plus important pour le moment est de faire verbaliser les jeunes. En d'autres mots, il faut qu'ils puissent s'exprimer avant de les rassurer.
Entre autres, l'école primaire de Saint-Isidore sera visitée par Carole Pageau, experte du deuil auprès des enfants au sein du Groupe d’Accompagnement Jonathan, dont la mission est d’accompagner les personnes ayant un diagnostic sévère ou vivant un deuil. Selon Sonia Dupont, coordonnatrice de l'organisme, il est prévu que Mme Pageau effectue une tournée de toutes les écoles primaires de La Nouvelle-Beauce afin de rencontrer les enfants tantôt individuellement, tantôt en groupe.
À la Polyvalente Benoît-Vachon de Sainte-Marie, que fréquentent plusieurs amies de l'adolescente décédée, tout a été mis en place pour faire face à la vague de chagrin qui commence. Des parents de trois jeunes filles en particulier auraient à cet effet informé le personnel de l'institution scolaire. « L'équipe de professionnels et toute l'équipe de direction assurent aux élèves qu'ils sont en mesure de les écouter. Ils tentent de comprendre avec eux l'incompréhensible », a commenté Marie-Josée Fecteau, directrice de la polyvalente.
Par ailleurs, afin d'aider les parents dont les enfants nagent dans l'incompréhension, Lynne Pion, auteure du livre « Est-ce que tout le monde meurt? », offrira une conférence. Au moment d'écrire ces lignes cependant, le lieu et l'heure de la conférence étaient toujours indéterminés. « Les parents me disent “ C'est trop gros. Je ne sais pas quoi faire, mes enfants pleurent tout le temps. ” Il faut éviter de faire des commentaires à propos de l'événement devant les enfants, parce que ce sont des éponges. Il faut prendre un moment de recul et rassurer les enfants en leur disant qu'ils ne sont pas en danger », a-t-elle indiqué.
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