Chronique d’une autre querelle annoncée

Après la saga de l’autoroute Robert-Cliche, la Beauce vivra-t-elle celle de la vélo route verte ? C’est ce qu’on est en droit de penser de plus en plus sérieusement depuis la fin annoncée du chemin de fer du Québec Central. Certains voudraient l’utilisation du corridor récupéré par le ministère des Transports pour réaliser la route Verte et d’autres voudraient que le ministère la conserve pour un futur rail possible ou l’union du rail et de la route Verte. Et on continue d’étirer le temps.

Rappelons que le chemin de fer Québec Central de l’homme d’affaires Jean-Marc Giguère de Tring-Jonction a vécu un épisode difficile (Voir les archives d’Édition Beauce) qui s’est finalement terminé par le rachat par le ministère des Transports de divers tronçons. Dans certains cas, le rachat avait pour but la conservation. Dans le cas du tronçon Vallée-Jonction à Notre-Dame-des-Pins, le ministère rachetait l’emprise seulement pour fin, semble-t-il, de voie cyclable. Pour le tronçon de Notre-Dame-des-Pins vers Lac-Frontière, via Ville de Saint-Georges, aucun rachat n’est prévu.

Cette décision du ministère des Transports signifiait que le Québec Central, donc Jean-Marc Giguère, peut disposer des rails dans le cas du premier tronçon, et de l’emprise et des rails dans le cas du second. La vente de ces actifs devait lui permettre de payer ses créanciers. Le premier tronçon devenait disponible pour la piste cyclable, ce qui faisait le bonheur de la MRC Robert-Cliche qui veut justement construire une telle piste pour joindre les segments de Nouvelle-Beauce et de Beauce-Sartigan.

Mais rien n’est jamais aussi simple en Beauce. Les compagnies de bois (Six) du secteur de Lac-Frontière principalement, et quelques autres intervenants ont décidé de s’opposer au démantèlement des deux tronçons. On a demandé un moratoire de 3 ans, ce qui semblait trop important, puis de 18 mois, ce qui a aussi été rejeté. Beauce-Centre tenait pour sa part au démantèlement puisque, comme l’expliquait le maire Michel Cliche de Saint-Joseph, il n’est pas seulement question de retard, mais aussi de coûts. Une piste cyclable sur l’emprise, c’est raisonnable comme dépenses, mais juxtaposée à une voie ferrée, vaut mieux l’oublier.

Donc, on a la position de la MRC Robert-Cliche qui veut la route Verte et celle des autres qui espère que le ministère va conserver le tout. Lors de la dernière réunion du Conseil régional des élus (CRE), le maire Carette de Saint-Georges a proposé de demander une étude de viabilité. D’un chemin de fer juxtaposé à une piste cyclable, étude qui porterait aussi sur les différents scénarios de vitesse des trains. Et la ministre Julie Boulet était d’accord, selon ce que nous a expliqué le maire Michel Cliche, pour y aller de 30 000 $ à la réalisation de cette étude, les autres 30 000 $ devant être fournis par d’autres sources régionales.

La position du maire Carette, position qui fut appuyée par «presque» tous les élus de la région, voulait que la Beauce, ayant si peu reçu au cours des ans, exige de la ministre que si l’étude devait montrer que le projet pouvait être viable, la ministre s’engagerait alors par lettre à assumer les surplus monétaires engendrés par sa réalisation.

Au CRE, le vote n’a pas été unanime comme le demandait le maire Carette. Le maire de Saint-Joseph, Michel Cliche, a continué de s’y opposer. Sa position est nette. Avec un gouvernement minoritaire, peut-on se fier à une lettre de ministre pour garantir une réalisation ? Le prochain gouvernement, dans six mois ou plus tard ou plus tôt, sera-t-il libéral ? Combien d’années faudra-t-il pour voir la réalisation de la route Verte dans Robert-Cliche ? Et finalement, le maire de Saint-Joseph se demandait quelle était la position du maire de Beauceville, Jean-Guy Bolduc, dans ce dossier. Il dit avoir voté avec sa MRC, d’autres disent qu’il a voté contre.

Il faudra donc attendre les résultats de l’étude, on parle du printemps ou du début de l’été pour, peut-être, une décision. Pendant ce temps, Jean-Marc Giguère a le droit de se départir des biens non acquis sur les deux tronçons. Il a entrepris des démarches en ce sens, mais pourrait préférer attendre un rachat en bloc par le gouvernement.

Voici les liens que l’on peut consulter :

La piste cyclable sur la voie ferrée dans Robert-Cliche ?
La MRC Robert-Cliche cherche une solution pour sa piste cyclable
En Robert-Cliche on veut aller de l’avant avec la piste cyclable
On espère maintenir la vocation du Québec Central
La MRC Robert-Cliche soutient que la voie ferrée est un obstacle au développement
Le Québec Central partiellement vendu au MTQ