Le maire Bolduc de Beauceville fait du bureau dans les restaurants!
8/6/2007 3:09:00 AM
Les comptes de dépenses du maire Jean-Guy Bolduc, de Beauceville, ont fait la manchette au cours des derniers mois au conseil municipal de cette ville. Nous avons voulu en savoir plus et nous avons demandé le relevé de ses comptes depuis le début de 2006.
À première vue, rien d’extravagant en soi, puisque pour 14 mois, les réclamations du maire s’élèvent à 14 228.03$ mais, ce qui est étonnant c’est qu’une bonne partie des montants réclamés a servi à rembourser des lunchs ou repas pris dans des restaurants de Beauceville, Saint-Joseph, Sainte-Marie et Saint-Georges.
Comme il le faisait dans les années 1970, M. Bolduc gère la ville sur le coin d’une table de restaurant et, si l’on se fie aux pièces qu’il a jointes à ses réclamations, c’est le restaurant Pizza Wow qui remporte la palme avec 41 reçus qui ont été émis à l’occasion du petit-déjeuner, à l’heure du lunch, en après-midi ou en soirée, selon les circonstances et les invités.
Vient ensuite le restaurant Normandie (32 fois) et, à Saint-Joseph, le Capri (10 fois) et Pizza Express (11 fois). À Saint-Georges, peu de restaurants semblent avoir attiré Monsieur le Maire, sauf le célèbre restaurant Charles, mais uniquement à quatre reprises.
Une fausse réclamation du maire Bolduc
En décortiquant prudemment les comptes de M. Bolduc, j’ai eu la surprise de constater qu’il réclame un remboursement de 23.78$ pour un repas au restaurant Charles de Saint-Georges en mentionnant qu’il était en ma compagnie et celle aussi de M. S. Morin (j’ai présumé qu’il s’agit du conseiller municipal de Beauceville). La facture est datée du 18 décembre 2006.
Malheureusement pour Monsieur le maire Bolduc, je dois lui rappeler que les seules fois que je l’ai rencontré en tête-à-tête, c’était à la mairie de Beauceville et la seconde fois à sa résidence. Il n’avait alors aucun déplacement à réclamer et comme il ne m’a pas offert de café, il n’avait aucune réclamation à faire auprès de la trésorerie de sa municipalité.
Donc, si le maire de Beauceville s’est servi de mon nom pour réclamer un remboursement qui m’apparaît injustifié puisque je n’étais pas avec lui, il faut alors se poser des questions sur les 14 réclamations qu’il a faites en mentionnant le nom de Claude Drouin, des quatre avec le maire de Saint-Georges, M. Roger Carette ou encore des cinq avec le député Janvier Grondin. Bien d’autres noms s’ajoutent tels des fonctionnaires du ministère du Transport, de la Commission de police, une autre réclamation pour le Comité de la sécurité publique (qui relève sans doute de la MRC) et des représentants de bureaux de comptables, d’avocats comme d’autres maires de la ville de Saint-Joseph ou du petit village de Saint-Séverin !
Un pourboire de 30$
Qui doit payer l’adition dans un restaurant? Est-ce à un éventuel acheteur ou à un vendeur? Dans ce cas d’une rencontre avec les représentants de Quebecor, à Montréal, c’est la ville de Beauceville qui a non seulement déboursé 30$ pour le pourboire, mais aussi le 243,96$ pour une facture du Square Victoria à Montréal. La justification du maire Bolduc n’indique que «rencontre avec Quebecor – 8 personnes». Cette rencontre se déroulait le 3 avril 2007.
La question est souvent de savoir si monsieur le maire Bolduc paie aussi la facture des gens qui l’accompagnent ou s’il ne paie que sa facture. Ainsi, à titre d’exemple, le 11 mai, au restaurant Cosmos à Québec, il indique qu’il a une rencontre avec Claude Drouin. Le coût de la facture, incluant un pourboire de 4$, est de 32,89$. C’est à 8h40. Ou bien M. Bolduc a un très bon appétit le matin ou bien il paie la part de M. Drouin qui dispose d’un compte de dépenses alors qu’il fait partie d’un cabinet de ministre.
Il mentionne également un repas, dans le cadre du congrès de l’Union des municipalités, pris en compagnie de M. R. Carette. Une facture qui s’élève à 36,13$.
Les conseillers municipaux se retrouvent souvent à la même table que M. Bolduc au restaurant, mais ils ne sont pas toujours nommés. Ainsi, le 21 février 2007, pour une facture de 152,46$ du restaurant Normandie, le maire Bolduc mentionne les noms de Claude Drouin, Y. Poulin, G. Lajoie et «3 échevins». Une semaine plus tard, le 27 février 20h, toujours au même restaurant, une facture de 26,65$ M. Bolduc indique : « Rencontre avec Nicholas Mathieu et Mme Blouin (Dév. Érables)», une ligne plus bas, il ajoute le nom de Claude Drouin.
C’est un fouillis indescriptible que de s’y retrouver dans les comptes de Jean-Guy Bolduc. Un matin il déjeune au Normandin de Sainte-Marie (13.29$)d’où il part à 9h pour se retrouver le midi au restaurant Sagitaire de Saint-Henri de Lévis (55,04$) pour se retrouver au restaurant le Capri de Saint-Joseph (59,09$) qu’il quitte vers les 19h45 alors qu’il n’est qu’à 15 minutes de chez-lui. Il faudrait presque faire appel à un graphologue pour décortiquer les noms des gens qui l’accompagnent. On croit lire les noms de Wilfrid Allen, J. Francoeur, Claude Bisson, André Mercier, Allen M. Provencal (????) et le titre de «directeur général Sûreté».
Qui révise les comptes de M. Bolduc ? Quelqu’un du bureau de la mairie bien sûr, mais qui va aller trouver le maire pour lui dire «votre réclamation ne me semble pas conforme !». Qui pourrait avoir l’autorité pour le faire? Le directeur général sans doute, mais s’il n’est pas sur le coup d’une suspension. Il y a les conseillers municipaux. Paul Veilleux a sans doute sonné le bouton d’alarme en disant «assez c’est assez monsieur le maire».
De 2000 à 3000 kilomètres par mois
Au cours de l’année 2006, M. Bolduc a limité ses déplacements, en voiture, en parcourant, en moyenne, moins de 1000 kilomètres par mois, sauf que, graduellement, il a roulé de plus en plus souvent et sur de longues distances, pour atteindre, voire même dépasser les 2000 kilomètres par mois les derniers mois de 2006.
En 2007, le maire Bolduc a réclamé pour les mois de janvier et février 3098 et 3104 kilomètres pour se faire ainsi rembourser, à 0,39$ du kilomètre, 1208,22$ et 1210,56$.
À l’exception de trois ou quatre voyages à Québec, Lévis ou Saint-Romuald, selon les indications de M. Bolduc, on est loin d’atteindre la moitié du kilométrage qu’il réclame à moins de rouler sur les routes de campagnes en effectuant des détours par Lac-Etchemin pour se rendre à la Pizzeria Express à Saint-Joseph ou encore se perdre à Saint-Séverin pour se rendre à une réunion à Pizza Wow!
Le côté positif
Comme nous le soulignait récemment dans un courriel un ami du maire Bolduc, il faut toujours voir le côté positif d’une situation et, dans le cas présent, les comptes que nous avons analysés se terminaient avec le mois de mai 2007. Cependant, nous avons appris, que pour le mois de juin, M. le maire avait réduit, de près de la moitié, ses réclamations.
Le second point positif, est avant tout un souhait. Les dépenses du maire de Beauceville seraient encore moindres s’il tenait ses réunions à l’Hôtel de Ville plutôt que dans les restaurants.
Bien entendu, c’est louable d’encourager les restaurateurs de la municipalité, mais cela ne devrait pas se faire aux frais des contribuables. Bref, si Monsieur le Maire de Beauceville estime que les contribuables peuvent lui rembourser autant de factures de restaurants, c’est sans doute bon signe comme quoi les finances de la municipalité sont excellentes.
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