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Par René d'Anjou
12/18/2006 4:22:45 AM
Pendant que partout en Europe comme en Amérique du Nord, on reconstruit des lignes de tramway en ville, les lignes de trains de banlieue sont prolongées encore plus loin et que les grands chemins de fer doublent ou triplent certaines voies principales parce qu'elles sont à pleine capacité, on en est rendu, ici, à vouloir liquider un segment important du réseau ferroviaire canadien.
Jean-Marc Giguère, celui-là même qui a été l’un des premiers à reprocher à d’autres d’être aveugles face aux nombreuses possibilités qu’offre le train, lui qui a défendu sur toutes les tribunes, l’avenir du transport ferroviaire, s’annonce aujourd’hui vaincu.
C’est du moins l’impression qu’il a laissée vendredi sur les ondes de CHEQ-FM de Sainte-Marie alors qu’il était interviewé par le journaliste Jean-François Routhier.
Notre site avait aussi soulevé cette éventualité dans un article publié le 3 août dernier sous le titre «Va-t-on sonner le glas de Quebec Central», que l’on peut relire en cliquant ici.
Au ministère des Transports du Québec, on nous informait alors que M. Giguère avait fait une proposition de relance de Quebec Central.
Est-ce que la crise du bois d’œuvre est la seule responsable ?
À tort ou à raison, M. Jean-Marc Giguère pointe du doigt la crise du bois d’œuvre comme principale cause de la non-rentabilité de son chemin de fer; il y a aussi d’autres responsables, par exemple une mauvaise gestion. Personne n’est à l’abri de décisions déficientes. A-t-on, au bon moment, envisagé des approches différentes
Au point de vue environnemental, au point de vue économique, le développement d’un réseau ferroviaire doit être perçu, de nos jours, comme une solution avantageuse. Comment peut-on considérer aujourd’hui comme non développable et non rentable ce réseau après seulement 6 années d'opération.
En parlant ainsi, nous reprenons les arguments que nous servait M. Giguère il y a plus de huit ans alors qu’il entreprenait les démarches pour se porter acquéreur de Quebec Central.
Transport de marchandises plus économique par train
Nous nous devons de réduire l'émission de gaz à effet de serre, le train transporte une tonne de marchandise NEUF fois plus loin qu'un camion avec un gallon de carburant et le coût du transport de cette même tonne revient trois fois moins cher en moyenne au client.
Nos routes sont dans un état lamentable, l'autoroute ne réglera pas tous les problèmes, il faut une alternative qui épargnera le réseau routier de la région. L'idée de démanteler le chemin de fer pour épargner 14 millions de dollars pour l'autoroute est farfelue, la topographie du terrain fait en sorte que l'autoroute sera déjà élevée avant de traverser la voie ferrée et la 90e Rue, à Saint-Georges, qui est parallèle et à proximité.
Ce n’est pas tant la crise du bois d’œuvre que le mauvais état de la voie ferrée qui est à l’origine de la diminution de contrat de transport par chemin de fer. Les sommes reçues du gouvernement fédéral, comme prêt sans intérêt, pour la mise aux normes du parcours entre Vallée-Jonction et Lac-Frontière, a-t-elle été effectuée correctement ? C’est sur ce tronçon que se produisait le plus important trafic jusqu'en 2004.
Le développement touristique rentable par train
Il y a sûrement de la rentabilité quelque part, car les trains touristiques de Chaudière-Appalaches auront fait voyager en seulement 6 années plus de 96 000 touristes, dont 85 % provenant au-delà des limites de la région de Chaudière-Appalaches.
Si on a pu, avec des moyens quand même restreints, soulever un intérêt touristique important, on peut affirmer que c'est un potentiel sérieux et important de trafic de marchandises. On a qu'à regarder tout le bois provenant des régions Beauce / Etchemin / Montmagny qui se transfert dans les trains à partir de la cour du CN à Ste-Foy.
Une réflexion importante pour les gens d’affaires
Les organismes qui ont à cœur le développement économique de la Chaudière-Appalaches doivent se mobiliser pour défendre ce dossier, car ce n’est certes pas en transformant cette voie ferrée en piste cyclable qu’on va contribuer au développement économique de la région.
On a aussi, sans doute malheureusement, soulevé le spectre du méchant américain qui veut s’emparer du chemin de fer du Québec Central pour vendre le fer de la voie ferrée ou encore pour en extraire l’eau et la vendre à l’étranger !
On ne nous fera pas accroire qu’il n’existe pas aux États-Unis un groupe de gens d’affaires assez lucide pour voir le potentiel économique important à développer dans notre région en exploitant, de façon adéquate et réfléchie, un important tronçon de chemin de fer.
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