Facile , la tolérance?
12/30/2006 Le Petit Robert définit la tolérance comme étant une attitude qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle qu’on adopte soi-même. Cette définition fait appel à la diversité humaine, au caractère unique de chacun et à la liberté d’exprimer et de vivre, en toute quiétude, cette différence. Je fais preuve de tolérance lorsque je reconnais à l’autre le droit de penser ou d’agir comme il le fait sans vouloir le changer. Facile, la tolérance ? Allons donc ! Comme la tolérance fait appel à plusieurs valeurs telles l’ouverture à l’autre, le respect de l’autre, la compréhension, l’indulgence et l’amour de l’humain, je peux comprendre que la tolérance ne se rencontre pas à tous les coins de rue.
Quand la tolérance devient indifférence Le Petit Robert définit aussi la tolérance comme étant le fait de ne pas interdire ou exiger alors qu’on pourrait le faire. J’applique cette définition de la tolérance chaque fois que je me ferme les yeux devant une situation, chaque fois que je banalise un événement, un geste, un comportement, chaque fois que j’évite de me forger une opinion qui m’amènerait à devoir agir selon mes convictions. Pas d’opinion, pas d’action, de l’indifférence. Bof !
Quand la tolérance devient intolérance Il arrive aussi que je fasse preuve de tolérance envers les différences des autres lorsque je ne suis pas concernée personnellement. Je peux très bien tolérer l’homosexualité et tout à coup devenir très intolérante lorsque mon fils m’apprend qu’il est lui-même homosexuel. Je peux faire preuve de tolérance envers les gens ayant une déficience intellectuelle, mais lorsqu’on annonce la construction d’un foyer de groupe pour ces personnes dans mon quartier, il se peut que ma tolérance se transforme en intolérance. C’est le syndrome « Pas dans ma cour »
Quand la tolérance devient endurance Tolérer signifie aussi endurer, supporter avec patience ce qu’on trouve désagréable ou injuste.
Il se peut que je tolère des paroles, des gestes qui sont désagréables, parfois blessants et même destructeurs. La tolérance est basée sur l’amour et le respect de l’autre, mais lorsqu’elle devient endurance, elle est davantage motivée par la peur. Peur de mettre mes limites, peur de la réaction de l’autre, peur de déplaire, peur que l’autre me retire son amour, peur d’être seule, etc. Il se peut aussi que je comprenne tellement l’autre que j’en arrive à excuser et à tolérer ses comportements. Marianne Williamson, dans son livre Un retour à l’amour dit : « Nous sommes nés de l’amour, mais nous avons appris la peur. »
Dans le cadre de l’Opération tendre la main, opération qui s’oppose à toutes les formes de violence, le thème de la tolérance devient une occasion de réflexion. Est-ce que je peux apprendre à me respecter et m’aimer suffisamment pour ne pas supporter ou endurer ce que je trouve injuste ou désagréable ? Est-ce que je peux dénoncer la violence dont je suis témoin et même interdire tout geste de violence dans mon environnement immédiat ? Est-ce que je peux aussi éviter toute forme de violence et accepter que tous ont le droit de vivre leur différence dans le respect de soi et dans le respect de l’autre ?
Facile, la tolérance ? Je vous invite à prendre conscience de la façon dont vous vivez la tolérance dans votre quotidien et à tirer votre propre conclusion.
Lucille Bouffard
|