Par Hubert Lapointe
2010-11-20 07:37:06
Plusieurs producteurs du nord de la Beauce se sont rassemblés ce vendredi 19 novembre, devant les bureaux de Sainte-Marie du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Cette manifestation se voulait une occasion pour eux d’exprimer leur rage ainsi que leurs craintes, quant aux mesures de resserrement imposées par la Financière agricole, mesures qui étouffent littéralement les producteurs beaucerons selon l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Ces mesures sont en fait des compressions budgétaires aux programmes d’assurance stabilisation des revenus agricoles, de l’ordre d’environ 80 millions de dollars par année. Selon Paul Doyon, 2e vice-président de la Fédération de l’UPA de la Beauce, ces mesures de resserrement mettent toute la Beauce en péril. « L’économie de nos régions est liée à l’agriculture. Dans 20 ans, la Beauce ressemblera à un ensemble de villages mourants, agonisants, enterrés dans le bois », s’inquiète monsieur Doyon.
« Avez-vous fait de l’argent cette année? », a demandé aux manifestants le consultant en production porcine Denis Champagne. Ceux-ci ont tout de suite hurlé « Non! », dans une colère qui jusque-là était gardée sous pression. Aux dires de Monsieur Champagne, il s’agit actuellement de la pire année en production porcine depuis 33 ans. « On ne parle pas de mesures de resserrement, mais de mesures d’étouffement », a-t-il affirmé, en soulignant que chaque ferme écope de coupures environnant les 76 000 $ par an. Plus dramatique encore, il sait que les producteurs ont investi 25 ans de leur vie dans leur entreprise et voient leurs actifs fondre à vue d’œil. « Ça ne peut pas continuer comme ça. Tantôt ça va sauter… Si on veut nous faire mourir, on ne mourra pas assis, mais debout », a-t-il conclu.
Richard Camiré, producteur porcin de Saint-Bernard, espère vivement que les décideurs du MAPAQ sont conscients de la gravité de la crise. À cet effet, celui-ci a rappelé les chiffres d’une enquête réalisée par la Fédération des producteurs de porc du Québec, qui a montré qu’à peine 7,3 % des entreprises avaient un solde positif de leurs coûts de production en 2009. « La crise touche tout le monde dans la région », dit-il.
Pour Gaston Roy, producteur de céréales, les mesures sont un coup de masse qui vient encore les affaiblir. En ce qui le concerne, ces mesures signifient un manque à gagner de 75 $ par hectare. « L’agriculture est en train de s’éroder à la vitesse grand V. Avec la pénurie alimentaire, ce n’est pas le temps de nous couper l’herbe sous le pied », a-t-il déclaré, craignant également pour l’avenir des producteurs.
Malheureusement pour les manifestants, le rassemblement s’est déroulé en l’absence des gens du MAPAQ, lesquels étaient pourtant prévenus de l’événement selon Paul Doyon. Cette absence a suscité la grogne de ceux qui s’étaient déplacés en tracteur spécialement pour l’occasion. Redoutant que leurs efforts n’aboutissent nulle part, les producteurs croisent les doigts pour que leur rencontre de la semaine prochaine avec le ministre Laurent Lessard porte fruit. Autre obstacle, le moment et le lieu de cette rencontre demeurent à confirmer.
Entre-temps, si le gouvernement ne prend pas un engagement formel satisfaisant pour les producteurs d’ici le 1er décembre, ces derniers bloqueront l’accès de leurs terres à toutes les motoneiges et quads de la région. « Ça sera la faute du ministre! », a explosé Paul Doyon.
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