L’un part, l’autre arrive

Il y a deux grandes villes très importantes au Québec, deux métropoles : Montréal et Saint-Georges de Beauce. Les deux villes ont connu un essor assez important au cours des dix dernières années. Aussi, deux personnages politiques y sont étroitement reliés, à Saint-Georges, Roger Carette et à Montréal, Louise Harel qui est sans doute, dans la métropole, l’une des personnalités politiques les les plus appréciées après René Lévesque.

Ici, à Saint-Georges, malgré son caractère, parfois bête et méchant, et le méchant, il l’admettait parfois, Roger Carette aura été un grand, peut-être même le plus grand maire de Saint-Georges au cours des 150 ans d’histoire de la municipalité.

On ne retiendra que les beaux gestes qu’il a posés, et il y en a plusieurs, mais on peut cependant lui reprocher de n’avoir pas mis autant d’effort pour la revitalisation du centre-ville de Saint-Georges; la métropole de la Beauce mériterait une image plus belle et plus valorisante que celle que nous voyons en arrivant sur la Première avenue. Et, pour employer une expression gentille, il n’a pas été tellement respectueux à l’endroit d’Anne Dutil lorsque celle-ci s’est présentée au conseil municipal, il y a plusieurs mois, pour aborder le sujet.

Bref, tout ça pour dire que, malgré son sale caractère, il va nous manquer énormément après novembre prochain. Il prend une sage décision et si la santé le lui permet, peut-être nous reviendra-t-il dans 4 ou 8 ans, il est encore en pleine forme et le fait d’avoir mis fin à son esclavage de la cigarette lui prolongera sûrement son espérance de vie parmi nous!

Si Roger Carette nous quitte, une grande dame fait un retour en politique. Après avoir été, sous le gouvernement du Parti québécois, ministre, entre autres, des Affaires municipales, Louise Harel relève le défi de la mairie de Montréal comme première Dame à ce poste dans la métropole québécoise.

C’est là notre lien entre cette grande dame et Roger Carette.car les deux personnages se connaissent et se respectent. D’ailleurs, à la fin des années 1990, Roger Carette avait convaincu Louise Harel de porter la chemise du Festival beauceron de l’érable lors de son passage dans la Beauce. Madame Harel s’était pliée, de bonne grâce, à cette exigence de son hôte.

Un scandale à Montréal
Les milieux anglophones de Montréal sont déjà partis en guerre contre la candidature de Madame Harel, lui reprochant entre autres de ne pas être parfaites bilingues dans une ville où plus de 80% de la population parle le français alors que dans la capitale canadienne, Ottawa, le maire est unilingue anglais et qu’au gouvernement fédéral, le ministre responsable du respect des deux langues officielles, ne parle pas français.

L’ancien président de la CSN, M. Gérald Larose, aujourd’hui président du Conseil de la souveraineté du Québec, nous a fait parvenir le message suivant que nous reproduisons intégralement compte tenu du fait que depuis quelques années, au Canada, le bilinguisme soit devenu non seulement essentiel, mais surtout obligatoire pour les Québécois, mais vraiment pas important pour les autres habitants de ce pays.

Elle est unilingue! Et elle veut se présenter à la mairie de Montréal. Quel scandale! Il est unilingue et il a été élu maire d’Ottawa. Quel scandale? À chaque fois on se surprend à constater que « ces gens-là, monsieur » » (pour reprendre une expression de Jacques Brel dans « Les bourgeois » - et ils en sont!) ont une indignation à deux gabarits.

La presse anglophone s’est déchaînée. Il ne lui en faut pas beaucoup pour que son racisme suintant remonte à la surface. Louise Harel, « le monstre… l’idiote…que seul Mom Boucher dépasserait comme repoussoir de Gérald Tremblay… etc. » ose poser sa candidature à la marie de Montréal! Quel scandale! « Elle ne parle pas l’anglais. C’est une impolitesse » éructe Peter Trent, ancien maire de Westmount. Haro!

Est-Il nécessaire de rappeler qu’au Québec le français est la langue officielle, publique, commune, normale et habituelle de l’État, de l’administration, du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires. Le Québec est français! Montréal aussi! Il est vrai qu’il y a un décalage entre l’affirmation de la loi 101 et la réalité du Québec et de Montréal en particulier. En dépit de cela, 87% des Montréalais ont une connaissance du français. 60% le parlent à la maison. 19% parlent plutôt l’anglais. Et 21% y parlent une autre langue que le français et l’anglais, ce qui est moindre que l’anglais. Quel scandale y a-t-il à élire dans une métropole une maire qui parle la langue que comprennent 87% de ses commettants dans un État qui a déclaré cette langue officielle, publique, commune, normale et habituelle?

Alors qu’il n’y a pas de scandale à Ottawa? Une capitale d’un pays bilingue où vivent 17,7 de locuteurs français. Où comme toujours, c’est un unilingue anglais qui a posé sa candidature et qui a été élu maire, sans que cela puisse soulever une quelconque vague.

Ainsi donc, il est scandaleux à une unilingue française de poser sa candidature dans la métropole d’un État français et acceptable pour un unilingue anglais d’être élu maire d’une capitale d’un pays bilingue. Chercher l’erreur! Ce Québec est colonisé, maintenu qu’il est dans un cadre dont il ne s’est pas encore libéré. Gérald Larose.