Par René d'Anjou
1/12/2009 5:44:18 AM
Nos lecteurs auront sûrement pris connaissance ce week-end de la nouvelle de L’Éclaireur-Progrès concernant une poursuite que le maire Jean-Guy Bolduc de Beauceville veut intenter à l’endroit de notre journal électronique dans le but de le faire fermer. On peut prendre connaissance de l’article de M. Jacques Légaré, rédacteur en chef de L'Éclaireur-Progrès qui est paru ce week-end, ou encore sur le site Internet de L’Éclaireur-Progrès.
Nous avons été les premiers surpris par cet article surtout que nous n’avons pas assisté à la réunion du conseil de ville de Beauceville, du 17 décembre, alors que l’on avait adopté une résolution portant le numéro 2008-12-3378 indiquant textuellement ceci :
Il est proposé par monsieur Luc Provençal
Appuyé par monsieur Marc Mercier
Qu'un mandat soit donné Me Carl-Éric Therrien de la firme d'avocats Dunton Rainville, afin d'entreprendre, les mêmes démarches, que la municipalité de Rawdon a initiées dans la cause Cour Supérieure no 705-17-002451-084.
Monsieur Paul Veilleux enregistre sa dissidence à cette proposition.
Une demande de vote est prise: 3 Pour; 1 contre
ADOPTÉ
Le conseiller Christian Duval a appuyé la résolution, M. Lévy Mathieu a voté contre et le conseiller Sylvain Morin était absent.
S’il n’est pas fait mention, dans la résolution, de qui il était question, c’est le maire qui a confié au journaliste de l’Éclaireur que c’était notre journal qui était visé.
Comme le maire Bolduc fait référence à la municipalité de Rawdon, dans la région de Lanaudière, qu’il cite d’ailleurs en exemple, pour faire fermer notre journal, précisons alors qu’il s’agissait d’un site qui abritait un forum de discussions ouvert à tout le monde et sur lequel des commentaires pouvaient être inscrits en tout anonymat, sans vérification des sources. ÉditionBeauce.com n’est pas un forum de discussions, mais un quotidien électronique qui a son siège social à Beauceville et qui existe depuis octobre 2005.
Ceci étant dit, on peut maintenant affirmer que ce n’est pas parce que l’on est, après Dieu, le premier magistrat d’une municipalité que cela confère le pouvoir d’être infaillible et d’avoir aussi le droit, comme dans un pays totalitaire, de faire fermer un média dont le contenu ne nous plaît pas.
S’il fallait que tous les politiciens agissent comme le maire de Beauceville, La Presse, Le Devoir, Le Journal de Québec, voire même la Société Radio-Canada ainsi que L’Éclaireur-Progrès auraient dû fermer leurs portes depuis déjà longtemps!
Nous ne sommes pas en Iraq, ni en Afghanistan, ni en Chine pour bâillonner les journalistes.
Monsieur Bolduc ne nous aime pas particulièrement surtout depuis que nous nous sommes intéressés à ses comptes de dépenses, un sujet épineux qui avait été soulevé lors d’une séance du conseil municipal, par l’un des conseillers. Nous avions dû nous adresser à la Loi d’accès à l’information pour obtenir copie des comptes de dépenses du maire, ce qui avait donné lieu à un article où nous nous interrogions sur la pertinence de certaines réclamations faites dans les limites de la municipalité, entre autres dans les restaurants ou pour des déplacements qui dépassaient les 2000 kilomètres mensuellement.
Bien entendu le maire Bolduc s’est expliqué sur ces dépenses, le bureau régional du ministère des Affaires municipales et des Régions est intervenu dans le dossier et les autorités de Beauceville devaient établir des règles sur les comptes de dépenses des élus. Le développement dans ce dossier date maintenant de plus d’un an. Mais monsieur Bolduc ne l’a pas encore digéré à tel point qu’il a émis, le 2 juillet dernier, une directive interne à tous les chefs de service que toute facture provenant du propriétaire d’ÉditionBeauce.Com ainsi que de Graphiska, Jean-Philippe Poulin, ainsi que de Martin Rodrigue, de la télévision communautaire, de Beauce TVCA, de Stéphane Poulin, animateur à CHEQ-FM ou encore de René d’Anjou, soit acheminée à son bureau avant d’en autoriser le paiement.
Monsieur Bolduc n’aime pas trop les médias, car il n’a pas hésité à réprimander la Télé-communautaire et en particulier M. Martin Rodrigue. À une autre reprise, à la fin d’une séance du conseil municipal, il a rabroué M. Jacques Légaré de l’Éclaireur qui s’était risqué à lui poser une question sur le contenu d’une lettre du ministère des Affaires municipales, lettre dont il refusait de rendre public le contenu.
Le maire Bolduc semble laisser supposer que notre journal est négatif envers la municipalité de Beauceville. C’est faux. Nous nous sommes fait les promoteurs de plusieurs projets dont ceux de la piste cyclable, l’Ile Ronde, la revitalisation du centre-ville et nous avons apporté notre appui à la Chambre de commerce lors de ses campagnes pour favoriser l’achat local. En outre, nous avons pris la cause de l’usine de filtration dont la ville peut être fière.
Bien entendu, si M. Bolduc n’était pas d’accord avec ces projets, là il y a un problème qui n’est pas le nôtre. Ce sont avant tout les contribuables qui auront à résoudre cette épineuse question et non pas un tribunal.
Si M. Bolduc prétend que nous avons desservi sa ville, il pourrait avant tout faire son examen de conscience, car n’a-t-il pas maintes fois répétées, sur tous les toits, en s’en prenant à l’administration précédente, que les taxes étaient trop élevées à Beauceville; comment voulait-il ensuite attirer de nouveaux résidents avec de tels propos?
Dans un autre cas, le maire de Beauceville s’est hasardé, lors d’une autre séance du conseil de ville, à nous reprocher d’avoir publié un article dans lequel nous mentionnions que la municipalité de La Guadeloupe avait aussi posé sa candidature pour obtenir l’emplacement de la buanderie régionale. M. Bolduc aurait sans doute souhaité que nous n’en parlions pas afin de favoriser sa propre ville. ÉditionBeauce.com n’est pas un bulletin municipal, mais un quotidien régional!
Enfin, nous souhaitons attirer l’attention aussi des lecteurs sur le projet du ministère québécois de la Justice de légiférer sur ce qui est maintenant convenu d’appeler Les poursuites stratégiques contre la mobilisation publique - les SLAPP que l’on surnomme aussi poursuites bâillons il s’agit, en quelque sort, d’une forme d’intimidation judiciaire qui vise à neutraliser et à censurer des individus ou des organismes, généralement du milieu des médias.
On peut lire ce rapport d’une centaine de pages rédigé par le Comité chargé d’évaluer l’opportunité d’adopter des mesurer pour contrer les SLAPP.
De tels agissements mettent en cause non seulement la liberté de la presse, mais aussi les fondements de notre démocratie à l’heure où les pays communistes lèvent de plus en plus la censure, ici, dans certains milieux, il semble que l’on souhaiterait prendre la relève de ces pays.
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