Dans quelques jours, la saison écourtée de la LNH se mettra en branle, à la grande satisfaction de tous. Au Québec, le hockey est devenue une vraie religion et les «fefans», comme les appelle Réjean Tremblay, étaient en manque.
Le futile conflit entre des propriétaires milliardaires et des joueurs millionnaires nous a donné une juste mesure des véritables préoccupations des partenaires de cette industrie. L'objectif ultime était le fric, chacun visant à s'en approprier la plus grosse part.
Les perdants
Tant les joueurs que les propriétaires se disent satisfaits de l'entente intervenue. Comme dans toute négociation, les deux parties veulent toujours sauver la face en prétextant avoir fait des gains importants.
Mais si l'on ne peut affirmer catégoriquement qui a gagné, on peut facilement identifier des perdants. Les premiers sont les laissés-pour contre de l'industrie, à savoir les employés des centres sportifs, ces bas salariés qui oeuvrent comme placiers, chauffeurs de Zamboni, vendeurs dans les concessions, ouvreurs et autres. Il y a aussi celles et ceux qui travaillent dans des bars-restaurants qui attirent une vaste clientèle ou dans des commerces où l'on vend des objets promotionnels à caractère sportif. Plusieurs d'entre eux ont été mis à pied temporairement durant le conflit.
L'autre grand perdant est le partisan qui paie ses billets entre 175 et 350 $ par match, sa bière 10 $, ses hot dogs 6 à 8 $, une casquette 35 $, un chandail 135 $, etc. Ce partisan, que l'on plume avec son consentement, personne ne s'en est soucié durant le conflit.
Durant les quelque quatre mois qu'a durés le conflit, on n'a jamais parlé d'améliorer le produit, le déroulement des parties, l'arbitrage qui laisse si souvent à désirer. De même, on n'a pas effleuré le risque des blessures occasionnant souvent des commotions cérébrales qui risquent de perturber la carrière des joueurs.
Dans le fond, tout ce qui intéressait propriétaires et joueurs, c'était le sacro-saint fric.
Saison écourtée
La saison qui débutera samedi aura été précédée d'un camp d'entraînement bidon, réduit à sa plus simple expression, pressés que sont les dirigeants de présenter des parties permettant d'engranger des profits.
Des joueurs plus ou moins en forme feront de leur mieux dans le cadre de matchs qui ressembleront à des parties de pré-saison au cours desquelles les joueurs n'offrent pas un rendement maximum, cela même s'ils continueront à toucher un salaire annuel moyen de 2,45 M $. Et le «fefan» paiera le gros prix pour un produit dilué. Il ne faudrait pas se surprendre si le nombre des blessures est élevé au début de la saison à cause de la mauvaise condition physique des joueurs.
Mais, tant et aussi longtemps que les partisans seront prêts à dépenser quelques centaines de dollars pour assister à une partie moche, il ne faudra pas s'attendre à ce que les dirigeants du hockey de la LNH se préoccupent d'améliorer leur produit.
Gary Bettman touchera ses 8 M $ annuellement, les propriétaires engrangeront les profits et les joueurs continueront à toucher des salaires astronomiques.
Le lock-out qui vient de prendre fin est le troisième en 18 ans. À chaque reprise des activités, l'assistance a augmenté d'un peu plus de 2 %. Jamais une industrie ne pourrait se permettre de traiter ainsi ses clients sans en subir des conséquences néfastes pour son avenir. Mais, il semble que les partisans du hockey soient toujours prêts à tout pardonner à leurs idoles.
Personnellement, il y a longtemps que j'ai transféré mon attention vers le football de la NFL où chaque équipe ne dispute que 16 parties durant la saison régulière, où les séries éliminatoires ne s'éternisent pas et où chaque joueur offre sa meilleure performance à chaque partie.
Le bon peuple réclame du pain et des jeux pour son bonheur. Si je me réfère à la situation de la LNH, il semble que la qualité du jeu a finalement bien peu d'importance.
Alors, allons-y, mettons la bière au frais, les ailes de poulet au chaud, c'est reparti!
Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine aux dirigeants et amateurs du hockey de la LNH : «Quelle époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles.» William Shakespeare