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Entre les bras des amants réunis

Par Mélanie Létourneau ce 3 février 2011 à 13h26

Qu’aurez-vous à vous mettre sous la dent, ou plutôt entre les mains, cette semaine chers lecteurs et chères lectrices… Restons dans la même famille que la semaine précédente, soit la maison d’édition Vents d’Ouest avec un recueil d’épouvante signé Claude Bolduc. Intitulé Entre les bras des amants réunis, cet ouvrage de quelque 190 pages qui comprend un court roman et une dizaine de nouvelles saura, sans contredit, vous tenir en haleine. Voici pourquoi.

Commençons d’abord par un bref résumé de l’histoire. Je dis bien bref, car vous comprendrez rapidement que trop de détails pourraient nuire à l’enquête, enfin à l’histoire. Qui d’entre nous n’a pas ressenti une certaine fierté lors de l’acquisition de sa première maison ? Le sentiment de posséder quelque chose bien à soi. La preuve d’une certaine autonomie financière, la liberté de faire ce que bon nous semble quand cela nous plaît. L’ultime refuge où l’on peut vivre en toute intimité, à l’abri du regard des autres, ses joies, ses peines et autres émotions. Et bien, pour le personnage principal de ce livre, ça semblait être le cas. Jacques est tout heureux d’enfin pouvoir quitter son appartement miteux, et par le fait même, la grisaille de son ancienne vie et d’emménager dans sa nouvelle maison rien qu’à lui. Il s’y plaît, y passe beaucoup de temps et semble envahi d’un bien-être encore jamais ressenti. Jusque là, rien de plus banal me direz-vous. Mais, comme ce scénario semble trop beau pour être vrai et que ce livre est classé dans la catégorie épouvante, vous me voyez venir… Jacques cache en réalité un secret. Un secret qui se cache dans le fond de sa cave. Et si son secret n’était pas quelque chose, mais quelqu’un ? Malheureusement, je dois m’arrêter ici pour le résumé. Pour connaître la suite, il vous faudra lire le livre… ou pas, après tout, c’est à vous que revient la décision.

Parlons du livre proprement dit alors en nous attardant plus longuement sur le court roman qui donne son nom au livre. J’en ai fait mention : le livre se classe dans la catégorie épouvante. Donc, on pourrait, et j’insiste sur le verbe à l’imparfait, penser que l’auteur utilisera des mots-chocs, un langage cru et morbide, mais il n’en est rien. Je dirais plutôt que Claude Bolduc a une façon presque poétique d’écrire cette histoire, ce qui, à mon humble avis toujours, la rend encore plus frissonnante. En voici un exemple : « En gros plan, une écaille de peinture se détache du mur et volette paresseusement sur le plancher ». Joli n’est-ce pas ! Du moins, cela se lit avec allégresse. Je me sens généreuse, voici un autre extrait d’une scène de restitution racontée avec beaucoup d’images : « Et lorsque tout doute se fut dissipé dans l’esprit de Denis quant à la nature de ce que Jacques pressait sur son cœur, bière, fromage et saucisson abandonnèrent en catastrophe son estomac pour éclabousser le sol à ses pieds ».

Tout au long du roman, Claude Bolduc réussit à captiver l’attention du lecteur et garde celui-ci dans une espèce de zone grise dont il voudrait hâtivement se sortir pour connaître le dénouement, mais en même temps, se lie de sympathie pour le personnage de Jacques, quant à lui toujours entre deux zones. Pas de longueur, pas de mots pour remplir des pages, la structure du roman est impeccable. Et même si le personnage de Jacques est troublant dans son être et dans ses actions, on ne peut que s’attacher à lui, et ce, même lorsqu’on découvre le pot aux roses qui, disons-le, est loin de sentir la rose. En lisant le livre, vous comprendrez le sens de ma dernière phrase. Enfin, j’espère vous en avoir assez dit pour vous inciter à le lire, car c’est ici que réside toute la magie de cette chronique : un moment d’évasion, c’est aussi un moment d’invitation... à la découverte de nouveaux genres littéraires…

En plus de son histoire principale, l’auteur a inclus à la fin du livre une dizaine de nouvelles crépusculaires « Contes de la nuit tombée ». Comme pour l’histoire Entre les amants réunis, Claude Bolduc utilise le même langage littéraire qui permet au lecteur de se faire une très bonne image de la scène qui se déroule, notamment avec des objets qu’on ne penserait pas nécessairement décrire de façon aussi visuelle, par exemple, une poubelle. : « (…) par la malignité de la poubelle, sinistre objet aux formes trop parfaites, dont la pédale d’ouverture pend en direction du plancher comme une langue dérisoire tirée à mon insignifiance ». Non, mais il fallait y penser. J’admets que la nouvelle est un genre littéraire auquel je m’identifie moins, puisque j’aime m’immerger complètement dans une histoire. En lisant des nouvelles, j’ai souvent l’impression de découvrir une histoire qui n’a pas de fin, d’autres fois, la fin sort complètement du contexte que je m’étais imaginé, ce qui me fait souvent décrocher. Dans le cas présent, elles ont tout simplement moins titillé mon intérêt. Cela dit, elles se lisent toutes d’un trait et procurent parfois des sourires et, d’autres fois, des froncements de sourcils.

 

 

Entre les bras des amants réunis de Claude Bolduc, est un livre paru en octobre 2010 et publié aux Éditions Vents d’Ouest. Au cours des dix dernières années, Claude Bolduc a remporté le Grand prix de la science-fiction et du fantastique québécois, un Prix Boréal de même que le Prix d’Excellence de la Fondation pour les arts, les lettres et la culture en Outaouais. Il s’est également mérité le Prix littéraire Le Droit. Pour d’autres informations sur l’auteur : www.claudebolduc.tripod.com.

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