« Ils sont arrivés ici lundi matin avec leur camion. Ils m'ont dit qu'ils venaient poser un compteur et je leur ai dit que je n'étais pas d'accord ». M. Veilleux en a déduit qu'il s'agissait de l'arrivée des nouveaux compteurs intelligents tant critiqués ces derniers mois. Rappelons qu'en octobre 2012, Hydro-Québec a eu le feu vert de la Régie de l'énergie pour aller de l'avant avec la première phase du projet d'installation, mais elle ne concerne pas la Beauce pour le moment.
Les types de compteurs
Gilles Veilleux n'a pas rêvé, on voulait vraiment installer un nouveau compteur chez lui, mais il ne s'agissait pas d'un compteur que l'on dit « intelligent », selon l'information qu'Édition Beauce a recueillie auprès d'Hydro-Québec. « Il n'est pas question de compteurs intelligents, mais bien de compteurs électroniques (ou numérique) de deuxième génération, non-communicants, qui requièrent un releveur », explique Danielle Chabot, porte-parole d'Hydro-Québec. Ces derniers émettent aussi des radiofréquences, à moindre intensité, permettant de faire une lecture à coutre de distance.
D'autres citoyens de la municipalité ont aussi eu cette même réaction, dont le frère de M. Veilleux, chez qui l'on a installé un nouveau compteur numérique pendant son absence. « Il n'était pas content de se faire imposer ça », dit-il, en pensant lui aussi qu'il s'agissait d'un compteur intelligent. Cela dit, il ne s'agirait que d'une procédure d'entretien du réseau. « Nous remplaçons entre 80 000 et 100 000 compteurs annuellement pour satisfaire aux exigences et nous assurer de la précision de lecture », ajoute la porte-parole. Soulignons que certains groupes, comme la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique (CQLPE), sont aussi contre ces compteurs numériques non-communicants, mais leur implantation n'a pas été autant critiquée.
Bref, la première phase du projet concerne plutôt Montréal, où l'on y installera 1,7 million de compteurs d'ici 2014. Le tout commencera en février 2013 et chaque citoyen en sera informé par le biais d'une lettre. Les consommateurs auront toujours la possibilité d'opter pour un compteur numérique non-communicant, moyennant un montant de 137 $ et des frais mensuels de relève de 17 $.
Les radiofréquences, un danger?
La particularité des compteurs intelligents est qu'ils émettent un signal de lecture de la consommation d'électricité par radiofréquences, ne nécessitant plus de releveurs. Selon la CQLPE, l'intensité de pointe de ces compteurs aurait été mesurée, dans les grands centres, à près de 20 000 microwatts par mètre carré, à un mètre de distance lorsqu'ils se trouvent à l'intérieur d'une maison, ce qui les oblige à émettre avec plus de puissance. Cette exposition peut finir par déclencher des symptômes d'électrosensibilité, particulièrement chez les personnes ayant déjà été exposées à des niveaux élevés de pollution chimique et électromagnétique.
En revanche, le magazine Protégez-vous a publié une étude de l'école Polytechnique sur le sujet, remettant en question l'intensité des ondes émises. « Toutes les mesures relevées sont très en deçà des normes canadiennes et internationales. La moyenne des mesures ambiantes maximales prises dans les maisons serait 10 000 fois plus faible que la norme canadienne », indiquait Thomas Gervais, enseignant à Polytechnique, dans un article du journal Métro, le 28 novembre 2012. Dans ce même article de Mathias Marchal, intitulé « Pas si intense, l'exposition aux ondes électromagnétiques », on notait que le four micro-ondes est le plus important émetteur d'ondes à la maison, plus que les moniteurs pour bébés, les routeurs sans fil, les téléphones sans-fil, les cellulaires et les compteurs intelligents.
Par contre, l'étude de la Polytechnique a été vertement critiquée par Marc Robert, porte-parole d'Estrie refuse, car elle ne tiendrait pas compte des effets thermiques des champs électromagnétiques (CEM). Il soupçonne d'ailleurs la Brigade électro-urbaine l'école Polytechnique d'avoir volontairement ignoré ce facteur, car « elle est financée par un magnat de l'informatique très impliqué dans l'industrie du sans-fil », rapporte-t-il.